01 mars 2007

172 milliards d'aides extérieures disparues en 2005

Ca recommence. A chaque jour sa peine. La Banque Mondiale aussi sait faire des comptes. Heureusement.
DEPENSES PUBLIQUES: Appui des bailleurs de fonds en 2005. Plus de 172 milliards introuvables au Trésor

Source: Le Quotidien

La Revue des dépenses publiques, établie par la Banque mondiale (Bm), en collaboration avec les services compétents de l’Etat, replonge les Sénégalais dans les problèmes de bonne gouvernance financière, qui ont toujours constitué le point d’achoppement du gouvernement du Président Wade. Dans un rapport établi en fin juin 2006, pour l’année 2005, on apprend que le Sénégal n’a jamais pu justifier la destination et l’utilisation de 172 milliards 396 millions de francs Cfa, équivalent à l’époque à 329 millions de dollars américains, de ressources reçues de ses partenaires étrangers. Au taux de l’époque, le dollar s’échangeait à 524 francs Cfa.


Le rapport explique que ce montant de 172,3 milliards de francs Cfa est la différence entre la somme des débours que les partenaires du Sénégal déclarent avoir effectués en 2005, et les montants qui apparaissent dans les comptes de l’administration du Sénégal. Pour illustrer, «les bailleurs indiquent qu’ils ont déboursé pour plus de 839,3 millions de dollars en 2005, alors que le Tableau des opérations financières de l’Etat (Tofe) indiquait 480 millions de dollars. Cette différence de 75% interpelle, car elle met en évidence le besoin de mieux comprendre les raisons qui sont derrière cette divergence.». Le document indique quelques hypothèses pour justifier la destination des fonds manquants, avant de les écarter une à une. En effet, les agents de l’administration des finances, avaient essayé de justifier la différence par les appuis apportés directement aux Organisations non gouvernementales (Ong), ou à certaines structures de la société civile, et qui ne seraient pas pris en compte dans les montants reçus par l’Etat.

La Revue des dépenses publiques admet que «l’utilisation de définitions différentes» puisse avoir une incidence dans la différence, mais elle en écarte l’importance. De leur côté, des représentants des Ong assurent qu’elles sont loin, au Sénégal, d’avoir la capacité d’absorber 172 milliards de francs par an. Et ce montant devrait même être relativisé. Le rapport insiste : «Il convient de rappeler que les montants fournis par l’enquête sous-estiment les décaissements totaux car ils excluent plusieurs bailleurs qui n’ont pas répondu au questionnaire.» Ce qui veut dire que, si les pays arabes et la Chine Taïwan avaient bien voulu indiquer aux enquêteurs de la Bm le taux de leur participation financière au Sénégal, on aurait vu que c’est bien plus que 172,3 milliards de francs qui se sont évaporés des caisses de l’Etat. D’où l’appel urgent de la Banque mondiale pour que «les autorités s’attèlent à trouver les explications de cet écart et à réconcilier les données des déclarations des bailleurs de fonds avec celles de la Direction de la dette et de l’investissement et du Trésor.».

La Banque mondiale avait décidé de lancer une enquête auprès de tous les bailleurs de fonds opérant au Sénégal, pour connaître leur niveau d’engagement dans le pays, et les perspectives que chacun donnait à son engagement. La revue informe que «les autorités sénégalaises ont perçu l’importance de cet exercice pour améliorer leur capacité de suivi et d’évaluation. Ils nous ont accompagné dans cet exercice à travers une étroite collaboration avec le ministère de l’Economie et des finances». Les pouvoirs publics voyaient dans cet exercice, un moyen d’améliorer le suivi de l’engagement de leurs partenaires et le moyen d’améliorer la préparation et l’exécution de leur budget d’investissement.

Les enquêteurs ont contacté 35 bailleurs de fonds qui travaillent au Sénégal, mais seuls 27 ont répondu. Les pays arabes, ainsi que les deux Chine n’ont pas jugé utile de donner suite au questionnaire qui leur a été expédié. L’enquête de la Banque visait, souligne le document, à combler «le manque d’information détaillée sur les flux de financement extérieur et le budget de l’Etat». Car cette situation avait pour effet de gêner l’identification et le suivi dans le temps, des décaissements des bailleurs de fonds, et justifiait de nombreuses dérives.

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