20 avril 2007

Talibés: un charity business de plus en plus dénoncé

Cet intéressant article donne des chiffres hallucinants: 17% des enfants sénégalais sont des talibés. Les marabouts en tirent 20 milliards de revenu par an. Quand aux risques pour les enfants, il suffit que de lire les articles "moeurs" pour savoir ce qu'ils risquent. Wade voudrait en finir avec ce problème spécifiquement sénégalais. Mais les habitudes et les enjeux financiers sont difficiles à contourner.


vendredi 20 avril 2007, par Nettali

La journée nationale du talibé est célébrée ce vendredi. Occasion saisie par les pouvoirs publics et la société civile pour engager le combat contre la mendicité des talibés qui passent plus de temps à faire la manche dans la rue qu’à apprendre le Coran dans les écoles coraniques.
Un jeune garçon au coin d’un feu rouge, habillé d’habits déchirés et sales, les pieds nus, un pot de tomate à la main, l’air triste, se faufilant entre les véhicules et tendant la main à gauche et à droite. Telle est l’image d’Epinal de ce que l’on appelle ici les talibés. Une image devenue insoutenable pour les autorités et pour les Ong. Au point que tous se lèvent comme un seul homme pour dire plus jamais çà ! Plus facile à dire qu’à faire. Car la mendicité des talibés est un phénomène socio-culturel très vieux au Sénégal. Si dans le passé, cela entrait dans la formation des pensionnaires des écoles coraniques pour leur apprendre l’humilité, aujourd’hui force est de reconnaître que c’est devenu un véritable fonds de commerce pour les marabouts tenants des daaras. D’après une enquête de l’Unicef, sur un total de 200 000 talibés recensés à Dakar en 1995, la mendicité rapporte un chiffre d’affaires de 20 milliards de Fcfa par an. Certains marabouts n’hésitent pas à réclamer à chacun de leurs pensionnaires de leur verser 500 Fcfa les autres jours, et 1000 Fcfa les vendredis.

Du fait du développement des activités économiques à Dakar, beaucoup de marabouts à qui des parents démissionnaires ont confié la charge de leurs progénitures ont quitté les campagnes avec leurs talibés pour la capitale. Depuis quelques années des enfants venant même des pays voisins sont convoyés à Dakar pour exercer la mendicité. Ainsi ces talibés jeunes ne connaissant rien de la vie en ville passent plus de temps à tendre la main qu’à apprendre véritablement le coran. C’est pour cette raison qu’ils deviennent vulnérables face à des fléaux comme la violence, la délinquance, les accidents, la pédophilie, etc. Les cas de talibés entraînés dans des activités de pédophilie sont souvent exposés dans les pages faits divers des journaux.

Devant ce phénomène qui a la vie dure à cause des enjeux financiers, les Ong et les pouvoirs publics ne veulent pas rester les bras croisés. Le président Wade avait présidé le 10 octobre 2006 un conseil présidentiel durant lequel, il avait lancé le slogan « un enfant un toit », et exprimé son désir de voir tous les talibés retirés de la rue avant la tenue du sommet de l’Oci en mars 2008. Dans ce sens, l’Ong Tostan basée à Thiès a initié une marche de sensibilisation qui est partie de Dakar le 17 avril pour se terminer dans la capitale du rail. L’Ong Tostan plaide d’ailleurs pour l’intégration des talibés dans le système éducatif formel. De même le gouvernement et l’Unicef ont initié un programme de modernisation des daaras pour permettre aux talibés en plus d’apprendre le coran d’avoir une formation professionnelle.

Au Sénégal, les talibés constituent environ 17¨% des enfants en âge d’aller à l’école.

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